48 heures après votre finale exceptionnelle, quel sentiment prédomine ?
C’est étrange. Individuellement le finish est magnifique mais je ne réalise pas trop ce qui s’est passé. J’étais juste dans le flow et je me suis dit si je continue on va gagner. Si j’ai 10 centimètres, je sentais que j’allais marquer. Et ce n’est pas de la fausse modestie, j’étais dans la logique de gagner collectivement et d’enfin battre Ub.
Ce scénario valide-t-il définitivement le choix de carrière que vous avez effectué il y a 18 mois ?
Ça le valide 1 million de fois. Je m’épanouis beaucoup plus dans le jeu, je me retrouve bien plus dans ce fonctionnement. Tout ce que j’ai mis en place pour atteindre un certain niveau, j’arrive à l’exploiter. Je sais que les gars ont 100% confiance en moi, qu’ils me donnent la balle en me disant que ça va le faire. A La Rochelle j’avais eu un ou deux coups de chaud mais ce n’était pas les mêmes tirs.
Avez-vous en revanche un statut à assumer, individuellement ?
C’est vrai. Numéro un français cela parle beaucoup aux gens. Quand je rentre sur le terrain, je joue comme on s’entraîne. Je prends mes responsabilités quand il le faut tout en exploitant les qualités de tout le monde. On l’a vu sur le Master, ce n’est pas pour rien que Jules Rambaut met le tir de la victoire en demi-finale. Cela va bien au-delà de la finale où cela a été six minutes de feu pour moi. C’est l’effort collectif qui nous a amené jusqu’à ce moment-là.
Quel est aujourd'hui votre niveau de confiance dans votre capacité à dominer dans la discipline ?
Je suis très confiant. On a débloqué des choses mentalement au fil du temps. Quand nous avons gagné le Challenger de Bordeaux, on a compris qu’on pouvait le faire. Là on le réalise sur un Master et c’est encore plus beau. Mais au 3x3 tu peux monter très haut et redescendre encore plus vite. En deux matches l’aventure peut se terminer. Donc on célèbre 24 heures, on se repose et on retourne s’entraîner avec une dose de confiance supplémentaire tout en restant à notre place. Le ranking te permet de voir où on se situe et nous ne sommes pas les premiers mondiaux. Avant le Master nous étions 15e ou 16e équipe mondiale. Par rapport à notre niveau et tout le travail produit c’était quelque chose que je vivais très mal. Être aussi loin du top 10 mondial, ce n’était pas logique. Très peu d’équipes ont gagné des Masters. On a battu Bowser le monstre de fin de niveau, et avec la manière.
Vous souviendrez-vous longtemps de la photo d'équipes avec Yao Ming ?
C’est une montagne ! Il est venu nous remettre le chèque mais on a pris conscience qu’après que c’était quand même Yao Ming. La photo est légendaire. Jules Rambaut, qui est trop costaud, fait 1,60 m sur la photo. Après ça on était des superstars. La ferveur est folle en Chine et quand ils voient Yao Ming nous montrer du respect… En Nationale 1 ce n’était pas Yao Ming qui était venu me remettre le trophée !