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Julien Guérineau -  10/06/2020

"C’était une boucherie"


En 2012, Karim Souchu, international à 14 reprises au début des années 2000, découvre le 3x3 à l’occasion du premier Championnat du Monde de la catégorie, à Athènes en Grèce. Avec face à lui quelques sérieux clients.

"Quand on a vu Garbajosa et Jimenez se balader à l’hôtel, on s’est dit qu’on allait se faire déglinguer." En débarquant à Athènes en août 2012, les membres de la première Equipe de France 3x3 de l’histoire ne savent pas exactement à quoi s’attendre. Mais la présence de Jorge Garbajosa et Carlos Jimenez, champions du Monde avec l’Espagne au Japon en 2006 puis médaillés d’argent aux Jeux de Pékin, n’est pas de nature à les rassurer. D’autant plus que d’autres éléments référencés ont décidé de se tester sur cette nouvelle pratique. Le prospect grec Nikos Pappas, champion d’Europe U20 un an plus tôt, le géant israélien Amit Tamir (2,11 m) ou encore l’ancien joueur des Bulls Cory Carr.

Côté français c’est un quatuor 100% LNB qui est aligné. Michel Jean-Baptiste Adolphe (Paris-Levallois), Meredis Houmounou (ALM Evreux) et Kevin Corre (Charleville-Mézières) accompagnent Karim Souchu. A 31 ans, l’ancien étudiant de Furman (NCAA) a le CV le plus replet de la bande. Il compte notamment 14 sélections avec les A et demeure, à ce jour, le seul joueur à avoir porté le maillot de l’Equipe de France en 3x3 et 5x5. C’est d’ailleurs une ancienne connaissance des Bleus qui est à l’origine de sa venue en Grèce. "Richard Billant cherchait un joueur en plus. Je l’avais connu en 2003 avec l’Equipe de France en préparation de l’EuroBasket", se rappelle Souchu. "Je ne savais même pas que la discipline existait… Championnat du Monde ? 3x3 ? C’était une découverte totale."

Pour l’occasion, la FFBB n’a pas fait les choses à moitié. Les féminines comme les masculins suivent une longue préparation entre l’INSEP, Poitiers, Nice et même la Martinique. "Mais là, seuls les garçons se sont déplacés. Aujourd’hui encore les filles m’en parlent ! Mais ce n’était pas de notre faute si c’était un tournoi uniquement masculin !" Après une saison partagée entre Roanne et Le Havre, Souchu est toujours à la recherche d’un point de chute mais relève pourtant le défi : "C’était une vraie sélection. Pas question que je me fasse couper. Je n’avais pas signé de contrat. J’ai pris un risque puisque j’ai joué le Championnat du Monde sans avoir de club. Mais ça m’a mis en forme et derrière je fais ma meilleure saison en France avec Cholet."



A Athènes, il découvre impressionné un terrain de 3x3 dressé devant le sublime temple Zappeion et des adversaires aux profils variés : "Il y avait tellement de types d’équipes différentes. Des petits gabarits qui shootaient dans tous les sens, des baraques, des mecs super athlétiques. De tout. Et au niveau basket ça sifflait peu. C’était une boucherie." 24 équipes sont sur la ligne de départ, du Népal à l’Argentine en passant par Guam ou le Liban. La France impose son basket, rend une fiche impeccable en phase de poules (5 v – 0 d) puis élimine la République Tchèque, la Grèce et Israël avant de caler en finale face aux Serbes de Dusan Bulut, toujours numéro un mondial du 3x3 huit ans plus tard. "On a vraiment pris le truc au sérieux. On ne s’est pas dispersé. Pour d’autres c’était la fête", insiste Karim Souchu qui parle de la compétition comme l’un des meilleurs souvenirs de sa carrière.

Un an plus tard, il retrouvera l’Equipe de France 3x3 mais avec en tête l’idée de s’éloigner du terrain. "J’étais déjà en train de basculer sur le staff, j’en ai parlé très vite à Richard Billant. J’avais vraiment trouvé quelque chose d’intéressant et puis je n’étais plus tout jeune. Je ne regrette pas du tout", conclut celui qui est désormais entraîneur des Equipes de France 3x3.

Replay de la finale face à la Serbie :