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Tom Thuillier -  14/11/2024

Olivier Marvillet : « On est dans ce qu’on rêvait de faire »


Ermont SENEF a vécu une année de rêve qui prendra fin avec une toute première participation à un Masters du World Tour à Shenzhen. Retour sur la saison de tous les records pour le collectif du Val d’Oise avec l’entraineur, Olivier Marvillet.

Année après année vous placez Ermont sur la carte de France et du monde en disputant un nombre impressionnant d’étapes sur circuit national « Superleague 3x3 FFBB » et international « FIBA 3x3 World », c’est une fierté pour vous ?

Exactement ! La ville d’Ermont, le département du Val d’Oise, l’Île de France… on est content de prouver qu’avec des forces locales on peut avancer et atteindre le très haut niveau.

L’année 2024 est l’année de tous les records pour Ermont qui comptabilise 6 participations à des Challenger (circuit secondaire World Tour), une première qualification historique pour un Masters (circuit principal World Tour) et une demi-finale à l’Open de France.

C’est une saison incroyable au niveau des résultat pour nous. Je suis moi-même impressionné. Tout est allé très vite, nous avons remporté un stop de la ligue espagnole, une victoire référence face à Riffa (n°6 mondial) au SuperQuest de Lausanne et trois victoires d’étape sur le circuit français où nous terminons premier de la saison régulière de Superleague. Nous avons ensuite disputé notre premier quart de finale en Challenger (étape du circuit secondaire World Tour) à Orléans avant d’en enchaîner quatre dans la foulée. On parvient finalement à se qualifier pour notre premier Masters lors du Challenger de Deqing il y a deux semaines. On est dans ce qu’on rêvait de faire, ce n’était pas forcément un objectif cette année mais plutôt un objectif à long terme, surtout quand on connait le niveau du circuit international.

Vous êtes l’une des équipes les plus actives sur le plan national et international, comment arrivez-vous à gérer tout cela ?

C’est vrai que ça demande beaucoup d’investissement. Il faut qu’on arrive à jongler entre notre vie professionnelle, notre vie personnelle et notre implication. Avec la passion on fait des heures en plus mais quand on voit les résultats ça nous boost encore plus. C’est fatiguant parfois mais on y trouve énormément de plaisir au final.

Et financièrement comment vous organisez-vous ?

On est assez souvent sur le fil du rasoir financièrement. Aujourd’hui nous pouvons compter sur la participation de la ville d’Ermont, du département du Val d’Oise et du club mais aussi sur un sponsor privé : SENEF qui nous accompagne depuis 2 ans. Je connaissais le fondateur de SENEF et l’ADN de notre projet correspondait avec l’entreprise à savoir partir d’en bas pour arriver à un certain niveau d’excellence. Cela fait deux ans qu’on travaille ensemble et qu’il donne une participation importante à notre collectif. Depuis le mois de juin nous nous sommes également engagés avec Ermont pour une collaboration de 4 ans afin de représenter la ville sur le World Tour. On arrive à un budget d’environ 50 à 60 000€ par an, ce qui est très peu pour les tops équipes du circuit international mais qui nous permet de fonctionner sur le plan national et international.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par BC Ermont 3x3 (@bc_ermont3x3)

C’est compliqué pour une équipe de se financer aujourd’hui ?

Je savais que chercher des partenaires dans le milieu sportif en France allait être très compliqué en particulier pour le basket 3x3 car c’est un sport encore émergeant. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de vraiment de confiance dans ce que cela peut apporter aux investisseurs, en particulier dans des équipes montantes comme nous. Malgré nos bons résultats, lorsqu’on regarde notre groupe on pourrait se dire que ce ne sont pas des joueurs issus du monde professionnel 5x5 et c’est peut être quelque chose qui peut effrayer certaines personnes alors que le 3x3 est une tout autre discipline. C’est assez paradoxal car ce n’est pas du tout l’image que nous renvoyons lorsqu’on se déplace à l’étranger.

Comment se situe le collectif d’Ermont à l’échelle mondiale ?

Aujourd’hui nous sommes 37ème équipe mondiale mais pour moi nous sommes une équipe du Top 30. Je sais qu’on a le potentiel car nous battons très régulièrement des équipes du Top 30 en compétition officielle. Notre équipe n’a pas fini de progresser, on a encore beaucoup de défaut à corriger dans notre jeu. Nous avons encore de l’ambition, je ne sais pas encore jusqu’où on pourra aller mais en 2 ans nous avons déjà atteint tous les objectifs qu’on s’était fixé au départ. Le but c’est de s’installer dans le Top 30 afin de nous assurer des places sur certaines étapes du World Tour l’année prochaine. L’autre objectif c’est de se positionner comme la deuxième équipe française derrière Paris. Je sais qu’on n’est pas loin car on réalise de bonnes performances face à des équipes très bien classées au niveau mondial, cela donne de la confiance au groupe.

Justement pourrions-nous voir plus d’équipes françaises sur le World Tour à l’avenir ?

Tout le monde vit des situations différentes avec des contraintes différentes. Si on prend le cas de Bordeaux Ballistik et Nantes ATC qui sont des équipes qui tendent à se spécialiser totalement dans la discipline, ils sont encore obligés de jongler entre leurs ambitions dans le 3x3 et l’indisponibilité de leurs joueurs qui jouent en 5x5. En dehors des joueurs de Paris, de Raphaël Wilson (Lausanne) et de nous un seul joueur français se consacre exclusivement au 3x3 cette saison c’est Lucas Malary (Nantes ATC / Valencia). Une chose est sûre c’est que nous avons besoin à minima d’avoir des équipes françaises lors des évènements internationaux qui se déroule sur le territoire Français parce que c’est ça qui fait avance le 3x3.

Le Masters de Shenzhen (16-17 novembre) marquera votre dernier tournoi de l’année et votre toute première participation à un majeur, quel est votre objectif ?

Dans un premier temps nous avons eu confirmation que nous allons devoir disputer un Q-Draw (ndlr : un tour de qualification). Ce Q-Draw va être très relevé car on rencontre Vienne (n°5 mondial) et Taipei WanBao (n°35) tandis que des équipes comme Lausanne (n°10) et Raudondvaris Hoptrans (n°7) seront dans la deuxième poule de qualification. On va profiter de notre premier Masters avant tout et comme d’habitude faire de notre mieux mais l’objectif c’est de décrocher une première victoire à Shenzhen. On sait qu’on a accroché deux fois Vienne (une fois au Challenger d’Orléans et une fois au Challenger de Mugunghwa) cette saison donc tout est possible. De nombreuses équipes veulent valider leur qualification pour la finale mondiale du World Tour sur ce Masters mais aussi préparer cette échéance qui arrive vite donc ça risque d’être intéressant.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par Basket 95 (@cd_basket95)

Une fois le Masters passé quel est la suite pour vous ?

On va terminer la saison un peu plus tranquillement. On a le All-Star Game du Val d’Oise au mois de décembre et il y aura beaucoup de repos avant d’enchaîner sur l’année prochaine et les premières étapes du circuit national « Superleague 3x3 FFBB ». Pour l’instant le planning de début d’année est encore vide mais tout arrive très vite dans le 3x3.

Le circuit national « Superleague 3x3 FFBB » reste une compétition importante pour vous ?

Le circuit national reste important car on a des ambitions, notamment à l’Open de France. Le but c’est de jouer des étapes du circuit national « Superleague 3x3 FFBB » pour se qualifier rapidement à l’Open de France tout en continuant à jouer un maximum d’étapes du World Tour. La Superleague est un passage obligatoire pour les équipes française parce qu’il y a un très gros niveau en France, certaines étapes se rapproche parfois d’un niveau Challenger. Pour les jeunes équipes c’est une façon de se développer et avancer, en tout cas c’est un chemin logique. De notre côté il va falloir prouver chaque année des choses au niveau national et cela passe par la Superleague.

En complément vous avez mis en place une équipe de développement « Ermont Blue » et une équipe U18. C’est la suite logique du projet ?

Effectivement nous avons créé cette année « Ermont Blue », une équipe de développement qui participent à de nombreux tournois notamment sur le circuit national « Superleague 3x3 FFBB ». Cela nous permet d’avoir une rotation pour l’équipe première et de travailler ensemble lors des séances d’entrainement. Cette saison les deux équipes « Ermont » et « Ermont Blue » se sont qualifiées pour l’Open de France (ndlr : Ermont Blue termine 10ème et Ermont 4ème) mais nous sommes parvenus à qualifier une équipe U18 sur l’Open de France Juniorleague pour la toute première fois. Pour l’instant il y a une différence entre l’équipe qui participe au World Tour et l’équipe de développement mais notre but est de ne pas sur le côté les joueurs qui s’investissent au quotidien pour l’équipe. Il faut savoir que nous avons un roster de 6 joueurs sur le World Tour et que chaque changement de joueur implique de payer un fee de 2500$.